dimanche 25 janvier 2015

Pour Élodie

Pour Élodie, la cousine d'Olivier et d'Alexandre. Celle qui nous suis toujours depuis le début. Pour toi, ce message afin que tu puisses le lire à voix haute le soir avant de te coucher. 

Nous sommes à George Town, aux Bahamas, ancré dans une baie où nous pouvons apercevoir des raies se glisser tout doucement sous le ventre de Charlotte. Nous pouvons aussi apercevoir des baracudas curieux qui nagent sur place patiemment. Ils sont un peu intimidant mais ils ne sont pas méchants. Quelques fois, nous pouvons apercevoir des requins nourisses. Eux, ils sont gentils. Aussi parfois en plongée, lorsque nous avons faim, nous partons à la chasse aux langoustes et aux poissons. Nous utilisons une lance avec un élastique pour les chasser. Il peut arriver d'apercevoir d'autres sortes de requins. Comme les Bullshark ou les requins à pointe noire. Moi et Olivier, avons aperçu sous notre annexe, un Bullshark seul. Il parraissait si détendu. Il se promenait doucement entre les récifs coraliens. C'était une expérience unique et très intense. Des tortues, des mérous, des étoiles de mer, des mahi mahi, ce sont tous des espèces qui maintenant font parties de notre vie. Merci la mer pour nous offrir tant. Quand nous avons dans notre assiette, le poisson que nous avons été chercher nous-mêmes en plongeant sous l'eau, le manger et l'apprécier prend tout son sens. Cathy a la technique pour faire de beaux filets de poisson ; celle de Charles, notre ami. Elle a bien appris et après quelques poissons Trigger à la peau très corriasse, elle dit qu'elle ferait tout pour manger du poisson....quelle évolution! 
Nous avons revu le bateau Unicorne lors de leur retour des Ragged Islands. Nous avons fêté Ania, pour ses trois ans. Un soir, les gars ont déguisé Ania en superstar! 

Nous avons fait une petite expédition de quelques jours dans des îles magnifiques avec d'autres bateaux. Nous étions quatre voiliers à prendre la mer et avons diriger notre étrave vers Lee Stocking Island. Il y avait à l'époque un centre de recherche marin, mais qui aujourd'hui est fermé. Toute l'île à été abandonnée, complètement. Comme les habitations y sont tous abandonnées, nous avons trouvé un abri pour y faire un 5@7 arrosé de rhum et de téquila. Très étrange .... Les enfants eux s'occupent à chercher des noix de coco et des fleurs sauvages. Les enfants grandissent. Nous avons la chance de grandir avec eux, dans notre cocon, détachés, quelque part.  

















lundi 12 janvier 2015

Exumas, Bahamas

Cathy me regarde dans le cockpit. J'y suis assis, les jambes allongées. Il est 17h et je ne sais pas quel jour de la semaine nous sommes. Je sais seulement que nous sommes entre Noël et le Jour de l'an. Le soleil est bien bas et une brise fraîche et saline envahie le bateau. Les enfants dessinent leur journée de plongée qui a été époustouflante. Une plongée dans une grotte avec un énorme puit de lumière et et un canal sous-marin servant à une énorme passe où les rayons du soleil éclairent les centaines de poissons et la vie sous-marine. Charlotte est ancrée dans 10 pieds d'eau turquoise, sur le banc des Bahamas. Cathy me regarde donc et j'ai un fou rire qui m'emporte. Comme un trop-plein de bonheur. Tout est à sa place. Nous y sommes. 

Nous avons passé Noël et le jour de l'an à Staniel Cay, Exumas. Un Noël spécial évidemment, mais ce fût de toute beauté. Premièrement, le Père Noël est venu en bateau de pêche avec son lutin et sa barbe de trois jours. Le yacht club a organisé une fête pour les enfants du village et ceux des bateaux avoisinant. Plein d'activités étaient proposées aux enfants et ils ont tous reçu un cadeau à leur nom du Père Noël. Nous, le soir de Noël, nous avons fait un souper au bateau. Il nous restait un ragoût de pattes de cochon dans un pot mason que ma mère a fait avant notre départ avec des betteraves et des patates pillées. Les enfants et Cathy ont fabriqué des décorations de Noël et nous avons développé nos cadeaux. C'était une belle ambiance. Le lendemain, c'était la fête à Olivier. Il a reçu des ameçons et des leures pour la pêche en haute mer, ce qu'il avait demandé.

La fête à Olivier. Il s'en rappellera. Le 25 décembre, nous avons pris la décision de partir de Staniel Cay pour aller visiter un endroit dans le parc national des Exumas. Des lagons turquoises et des plages désertes. Un endroit magnifique et loin de tout. Nous avons opté pour un mouillage à couper le souffle. Un endroit recommandé sur notre carte. Nous jettons l'ancre. Nous nous assurons que tout est en place et sécuritaire autour de nous. Le soir, nous sommes seuls dans le cockpit et apprécions le fait d'être au milieu de cette beauté avec nos enfants et sans aucune maison ou bateau à l'horizon. 
Nous allons se coucher la tête pleine d'étoiles. Il est 4h du matin. J'entends la vaisselle tombée. J'ouvre mes yeux. Le bateau est couché sur son flanc!!! Je sors du lit et va voir dehors."Cathy, nous sommes échoués !!. Je descends dans l'échelle et ....j'ai de l'eau aux genoux, il fait noir et le vent siffle. Ok, moment d'énervement pour quelques minutes. Je regarde sous les cales ; il n'y a pas de voie d'eau. Je ferme les passes-coques. On regarde la marée, nous sommes à la fin de la marée basse. Donc, l'eau commencera à monter dans les prochaines minutes. Je vais voir sous le bateau avec une lampe torche ; c'est bien du sable donc pas de problème. Charlotte n'a pas aucun dommage et tout est stable. L'eau commence à monter. Bonne chose, mais elle nous pousse aussi vers le moins creux à chaque fois que Charlotte se dégage car le courant est très fort. Je plante un bâton à un endroit précis pour voir l'évolution du mouvement du bateau. L'eau monte mais le bateau se déplace dans le mauvais sens. Je dis alors à Cathy " quand le safran sera assez dégagé, nous utiliserons le guindeau (moteur électrique pour lever l'ancre)" Oui, l'ancre est vers le plus profond donc nous l'utiliserons pour se dégager appuyé du moteur avec un bon régime. Il est maintenant 6h30 du matin. Je donne le go. Cathy va à l'ancre en avant et je pars le moteur. Ensemble, nous faisons la manoeuvre. Talala! Ça fonctionne. Nous sommes dégagés. Nous nous ancrons en face, dans une autre baie et faisons un petit briefing. Plusieurs éléments ont fait que nous nous sommes échoués. Le doute que nous avions de la proximité du haut fond. Mais nous étions à plus de 150 pieds ce qui était largement le seuil que nous acceptons pour y rester. Les grandes marées à cette période. Effectivement, la marée basse descendait à au moins un pied sous le 0 des cartes. Nous avions dû chasser quelque peu également (l'ancre devait avoir bougé légèrement dans le fond marin). C'est une série d'éléments qui ont provoquée cet incident. Rien de cassé. Nous en avons rit le soir et avons maintenant plus d'expériences dans nos poches. En parlant avec d'autres navigateurs et même de bons loups de mer, nous ne sommes pas l'exception. Plusieurs aux Bahamas ont déjà été pris sur un banc de sable dans cet endroit du monde. Quand les Espagnols ont découvert ces Îles paradisiaques, ils les appelaient autrefois BAHAMA, ce qui signifie "mer basse".

Nous avons rejoint le bateau Unicorne, le bateau de Charles, Indi et de Ania leur petite fille de 3 ans. Nous sommes partis ensemble de Cambridge pour Staniel Cay. Ça fait tout drôle de se voir ici, aux Bahamas avec nos voiliers au mouillage un à côté de l'autre. Nous avons passé de beaux moments ensemble. Pratiquement tous les soupers, nous les avons passés ensemble. Grâce à Charles et son harpon, Indi et ses bonnes recettes, nous avons mangé du poisson frais tous les jours. Charles m'a apporté avec lui. Ils m'ont prêté un harpon et j'ai plongé. Je n'ai pas trop eu de succès mais j'ai fini par prendre une langouste qu'Indi à vue sous une roche. Cette journée-là, Charles a également pris un bon poisson et nous avons fait grillé toute cette bonne viande sur la grille, sur la plage avec un bon feu. Nous étions à Rat Cay. C'est pour des moments comme ceux-ci que nous nous rappelons les efforts que nous avons fait pour se rendre ici. 

Nous avons passé le jour de l'an ensemble à Staniel Cay. Il y avait beaucoup de beau monde au Yacht Club. Après les feux d'artifices, les gars, Cathy, Indi et Ania sont repartis au bateau. Charles et moi avons continué la soirée. Nous avons décidé d'aller prendre une marche en pleine rue du village. Voilà que je trouve le summum. J'entends de la musique, sifflets, trompettes et des percussions. C'est le Junkanoo! Un genre de petit carnaval en pleine rue. Moi et Charles les suivent dans la rue dans leur ascension vers la marina. On danse, on crie, nous marchons à la queuleuleu à travers la foule ensorcellée par la musique. Le train humain plein de musique se faufile à travers le restaurant-bar du Yacht club. Il n'y a plus de place, à peine pour bouger. Il fait chaud, l'ambiance augmente. J'ai le goût de crier "ce soir on vous met, ce soir on vous met le feu!". Le train musical reprend sa route vers la rue. Nous les suivons toujours. Je m'empare d'un drum fabriqué avec un bidon d'huile et une peau. J'embarque dans le manège. Je me sens impreigné de la musique. Au bout de la rue, les gens cessent de jouer de la musique. Dépose les armes et fini aussi vite que nous l'avons découvert. Ceci a terminé notre soirée, notre jour de l'an aux Bahamas.

La veille, au Yacht Club, Cathy et Indi ont participé à la régate classe A annuelle sur un bateau Bahamien. Une équipe d'une douzaine de personnes avec les gilets d'équipe et tout. Cathy faisait partie de l'équipe du bateau "Tida Wave" et Indi sur "Lady Murielle". Seulement deux bateaux s'affrontent. C'est Lady Murielle qui a emporté la victoire. Elle repart avec un manteau de champion. Belle expérience.

Quelques jours plus tard, nous sommes repartis direction sud avec comme objectif George Town pour ensuite aller vers les Ragged Islands. Nous avons fait de la belle voile ensemble jusqu'à George Town. Nous avons eu de bons repas grâce à Unicorne. Si nous n'avions pas été ensemble à ce moment, nous serions déjà à George Town depuis un bon moment car nous manquions de beaucoup de choses au niveau nourriture à ce stade-ci de notre voyage. Nous étions aux Bahamas depuis novembre déjà. De la belle voile, de la belle pêche, de bons amis et notre boussole qui indique toujours le sud dans des eaux parmis les plus belles de notre planète et des enfants heureux. Nous ne pouvons pas demander mieux. Malgré la discipline à faire avec les enfants qui est toujours un défi important du voyage, les enfants s'accomplissent tellement et nous rapportent toujours une impression de béatitude contemplative que les moments les plus difficiles se dispercent le soir dans les étoiles. 

Depuis quelques jours, nous sommes séparés de nos amis. Nous nous sommes séparés, chargés d'émotion le matin venu quand nous avons vu nos amis passer proche devant notre bateau pour nous saluer une dernière fois au petit matin levant. Ils sont partis pour les Ragged. Nous devions y faire part, mais après avoir bien étudié la météo, la décision a été prise. Nous allions rester ici. Selon nous, les conditions n'étaient pas favorables à une excursion vers ces îles avec peu de mouillage et surtout pas de protection en cas de mauvais temps. Les vents étaient dans la bonne direction, mais des vents autour de 20-25 noeuds étaient prévus et beaucoup d'instabilités pouvant apporter quelques grains. Le trajet pouvait se faire sans problème, mais comme nous n'avons pas d'horaire à respecter, nous préférons attendre une meilleure météo pour entreprendre ce périple. Par contre, comme Indi doit être de retour le 19 Janvier et que nous étions déjà à George Town, et ces îles, ils voulaient depuis un bon moment les voir, Unicorne a pris la décision de partir ce qui est très compréhensible. Nous aurons peut-être l'occasion de revoir Charles plus tard cet hiver.

Nous prenons donc maintenant du temps tranquille au bateau. Des marches le matin de bonne heure avec les enfants sur la plage du côté océan. Nous socialisons avec les bateaux aux alentours. Nous avons été voir des tortues de mer. Nous avons resorti le BBQ car nous avons trouvé une boucherie dans le coin. Bref, on se laisse enliser dans notre mouillage pour quelque temps...jusqu'à ce que la bougeotte nous prenne ...