jeudi 30 octobre 2014

La Florida

Oui, nous sommes bien en Floride. J'avoue que St-Augustine nous a particulièrement séduite dès la rentrée dans la baie. Je regarde au loin sur mon tribord, j'y vois une ville avec une étrange ressemblance à celui d'un décor espagnol. Effectivement, St-Augustine est la plus vieille ville des États-Unis, colonisé par les espagnoles dans les années 1500. Les rues dans la vieille ville respirent l'histoire ... et la bonne bouffe. Bienvenida a San Augustin! C'est ce que l'on attend dans les rues cachées à l'arrière. J'aperçois ce monsieur fière, verre de vin rouge à la main et le sourire contagieux collé au visage. Il est là, debout à l'entrée de son restaurant. Je n'aurai pas besoin de me faire forcer la main pour y mettre le pied et pour commander un verre de vin rouge espagnol et une entrée de thon poêlée. Franchement, cette ville me donne le sentiment du dépaysement, et j'adore ça. Nous y avons passé 5 jours.

Puis nous continuons notre route, Daytona Beach puis Ponce Leon Inlet. Les dernières semaines ont été extrêmement dures avec Olivier. Une réaction au changement pourrait-on dire? Comme un abcès qui crève? Petit bonhomme sensible qu'est notre amour d'Olivier. Les dernières semaines ont été effectivement dures pour lui aussi. Ses crises, lui non plus ne les désirent pas. Ça se lit dans ses yeux quand la tempête s'est calmée. Des crises comme nous ne l'avions jamais vues avant. Pour un instant, nous avons cru perdre le contrôle. Pas évident dans un bateau. Mais comme Olivier est un petit homme brillant avec la meilleure volonté au monde, nous croyons maintenant avoir passé cette épreuve, ensemble. Nous avons usé de persévérence et avons pris toute notre énergie les derniers temps à renverser la situation. J'avoue que cela n'a pas été facile, même très difficile. Mais si nous en jugeons l'ambiance qui est à bord maintenant, nous sommes les parents les plus heureux. Olivier nous parle de ses visions du voyage, comment il voit tout ça, sans même lui demander de le faire. Tout vient de lui. Les mots me manquent et l'émotion vient me chercher. Je lui ai offert ma canne à pêche. Vous auriez du voir la fierté dans ses yeux. Il pêche du matin au soir. Nous avions une troisième canne à pêche que nous ne servions pas. Olivier m'a demandé s'il pouvait l'offrir à son frère pour qu'il puisse pêcher avec lui. Les bons jours sont de retour. 

Oui, nous sommes bien en Floride. Je vois au loin un espèce de bateau avec des drapeaux. "Ice cream boat"! Très hot! Ponce Leon Inlet, à quelques miles, il y a une île et un mouillage extraordinaire, "Disappearing island". Nous y avons passé de beaux moments et nous nous sommes fait des amis. Nos conversations commencent sur la plage pour finir avec le ponton accosté sur tribord de Charlotte, le BBQ en feu et les lignes à l'eau. Voilà comment on aime bien finir nos journés dans ce coin de pays. Un matin, nous sommes partis, moi et les gars avant le levée du soleil. Sandwich au beurre de peanut à la main, nous prenons le dinghy pour une randonnée matinale. Nous mettons les pieds sur la plage. Le soleil se lève. Les rayons du soleil réchauffent le sable froid et humide de la rosée. La marée descend tranquillement et les petits crabes se font prendre au piège pour le plaisir d'Olivier et Alexandre qui les attrappe pour en faire des appâts pour pêcher encore plus. C'est certain, les locals ont montrés à Olivier comment pêcher au alentour. 

Nous sommes maintenant à Titusville. Nous attendons mes parents qui nous rejoindrons samedi pour une escapade à Walt Disney. C'est peut-être des gars, mais le château de Cendrillon se fait attendre avec impatience .... Ha oui, et comme arrière scène à notre mouillage hier ; lancement d'une fusée de la NASA. Nous sommes à quelques kilomètres du Cap Canaveral. Nous sentons que notre traversée du Gulf Stream qui s'approche à grand pas ....
























samedi 11 octobre 2014

Nous avons privilégié la mer

Il est 22h à Beaufort. Nous terminons notre navigation en vue de notre départ demain. L'Intracoastal, les canaux intérieurs qui longent la côte, est parsemé de haut-fond et est un chenal très étroit. Pourquoi ne pas prendre la mer? "Il est tard pour en parler, non?" répond Cathy. Ok, nous ouvrons les instructions nautiques pour avoir tous les détails des "inlet" (passage des entrées et sorties pour prendre la mer). Celui de Beaufort est très bien navigable, c'est-à-dire, bien balisé, large et avec suffisament d'eau. Mais c'est un vrai labyrinthe. De plus, nous devons procéder dans l'Inlet avant le levé du soleil, donc à la noirceur. Notre inlet pour notre rentrée sera celui de Wrightsville. C'est 13 heures, pas si mal. Ok, nous partons à 5h00 du matin, levons l'ancre à 4h30 pour être en mer vers les 5h et être à notre destination au moins une heure avant le coucher du soleil. Si on arrive de nuit, au pire, l'inlet et très large et bien balisé. De plus, nous aurons le courant avec nous car il aura renversé depuis quelques heures en notre faveur.

Nous y sommes pour la deuxième fois, en mer. Quel bonheur! Du beau vent, soleil....et une prise de rêve! Je tire ma ligne à l'eau avec ma nouvelle cuillière 20 minutes plus tard....dzzzzzzzzzzzzzz. Je prend ma canne, wow!! J'ai de la misère à la tenir. Tout le monde est excité dans le bateau. Olivier jubile.  Cathy, ralentit le moteur. Je drille, je tire....vraiment excitant. Un petit problème, j'ai pas encore de filet.... Ok plan de match. Olivier suggère d'aller chercher un seau. Moi, je ramène le poisson sur le côté du bateau. Ce n'est pas fait encore, la bête combat pour sa vie. Je vois quelque chose! Le poisson vient à la surface. Ha! C'est un thon! Je réussi à le ramener proche du bateau. Je donne la canne à Cathy et Olivier approche avec le seau. Oui!! Il est à bord. Cathy prend la vodka et lui envoie dans les s'ouis. Le poisson se calme. Mais toujours vivant. Je prend mon couteau pour lui enlever ses dernières souffrance ...... Le cockpit ressemble à un champ de bataille. Ouf, quel combat. On lave tout ça et nous allons préparer ce thon immédiatement pendant qu'il est encore tout frais. Sortir un poisson de la sorte est une expérience de vie en soit. 

Nous continuons la route tout fier. Il nous reste environ 3 heures de navigation. Je regarde derrière de la fumée blanche.... Je regarde si l'eau sort bien derrière pour le refroidissement...dur à dire avec les vagues. Je mets ma main sous l'eau s'il y a une odeur particulière, rien. Alors peut-être de l'eau qui s'est infiltré dans le moteur. L'alarme de température "overheat" du moteur sonne! Je coupe le moteur. Il est 15 heure et nous sommes en mer...dans de bonnes conditions heureusement. Je vais voir le liquide de refroidissement, tout est beau. De l'huile, ok. Il reste maintenant 2 heures avant la tombé de la nuit. Comme nous sommes membre d'une organisation américaine qui offre le service de remorquage gratuitement. Je décide de les appeler et de vérifier tout ça à une marina tranquille et que je ramène tout le monde à bon port le plus vite possible. Être en mer avec les enfants sans moteur et pas de vent, non merci. Repartir le moteur sans avoir trouvé le problème aurait pu mettre fin à la vie de notre moteur. Donc, on se fait "tower" jusqu'à Wrightsville. Pendant notre balade en mer en se faisant remorquer, je vérifie mon filtre à eau de mer pour le refroidissement du moteur....plein de terre et de branches. Un vrai pot de fleur. Voilà! Ce n'était que cela. Une obstruction majeur dans le filtre d'eau de mer qui sert au refroidissement du moteur. Plus de peur que de mal. C'est l'expérience qui entre. 

Quelques jours plus tard, on reprend l'Intracoastal pour se diriger vers Little River où se trouve un bel "inlet" d'où nous pourrons reprendre la mer. Tout s'est bien déroulé. Notre troisième passage en mer. Nous commençons à prendre de l'expérience. Nous avons trouvé par la suite un mouillage tellement extraordinaire. Complètement seul au milieu de rien. C'est vraiment une sensation très spécial d'être seul en famille loin de tout, de se retrouver ensemble, proche de nos valeurs, de notre intimité sans aucune intervention de la société et voir notre voilier au loin pour nous acceuillir à notre retour de notre expédition à terre. 

Nous continuons notre route. Nous reprenons la mer à partir de Charleston pour une traversée d'environ 30 heures. La météo est bonne. Seulement un peu d'Est dans la direction du vent mais majoritairement du nord et moins de 10 noeuds et la mer 1 à 2 pieds. Les trois prochains jours semblent bons aussi et par la suite, un front froid entre et apporte avec lui de mauvaises conditions. Donc, nous avons notre fenêtre météo. Finalement.... ça été une longue nuit.....les vents ont tourné franc Est entre 15 et 20 noeuds. Nous avons eu le vent de travers et au près à la fin majoritairement appuyé du moteur pour arriver à temps pour notre entrée dans l'inlet de Cumberland Island, juste à la frontière de la Floride et de la Georgie, avant qu'un fort courant nous empêche d'entrer. La vague environ un mètre et demi, au 3/4 arrière. Quelques formations de cellules orageuses mais elles ont bifurqué de leur trajectoire, donc nous n'avons rien eu. Nous n'avions pas beaucoup,de solution de rechange en mer pour une rentrée imprévue. Les autres inlets proches ne sont pas recommandés à la navigation...encore moins en pleine nuit. J'ai été très impressionné par le calme de Cathy en mer et par sa manière de gérer des situations plus difficiles. Elle possède réellement des aptitudes de marins. Elle fait confiance aux décisions que nous prenons ensemble, elle fait confiance en son bateau et évidemment a un sens d'analyse très posé. Pendant que j'étais à la barre, Cathy a pris les informations des orages avec les logiciels que nous possédions. Elle a calculé les directions et leurs vitesses de déplacement. Elle a pris notre position, notre vitesse et notre cap, puis nous avons determiné que nous ne croiserions pas finalement ces quelques cellules. La décision de continuer et de ne pas prendre le prochain inlet est prise. Faire ce genre d'exercice en mer de nuit, au près (à cette allure, le bateau est incliné) avec le moteur en marche dans la vague est épuisant. Nous avons réussi à dormir  une heure max chacun sur nos 30 heures de nav. Notre récompense : notre destination! Cumberland Island. Une île magique. Une réserve magnifique. Nous nous reposons, relaxons, avons du bon temps et on rit de notre dernière traversée avec un petit rhum juste avant le souper. Nous avons le sentiment d'avoir accomplis un défi. Nous sommes très impressionné par les enfants en mer. Ils s'occupent et n'éprouvent aucun malaise ni de peur. La mer est agitée, les vagues cognent sur la coque, le vent siffle dans les haubants, mais les garçons ou bien ils dorment ou sont à leur occupation sans jamais se plaindre. Rassurez-vous, les navigations sont très rarement de cette façon.

Nous rêvons du moment où nous irons se coucher dans quelques heures. En arrivant à cette île, nous sommes immédiatement sortis du bateau, car les enfants eux, ont dormit et étaient prêts! "Ok les gars, aller courir sur la plage" le seul moyen de se reposer dans l'immédiat. Nous allons reprendre des forces. Les derniers jours ont été durs, pour les enfants aussi. Donc, en plus, nous devons gérer leur fatigue...on se comprend bien là là. Donc, doublement épuisant. Nous sommes ici pour quelques jours. C'est une escale que nous attendions. Nous faisons l'école dans la forêt enchantée, tout le monde est heureux d'être arrivé. De plus, nous sommes à la frontière de la Floride. On avance! Le bleu bleu est pour bientôt. Chaque jour, nous réalisons le privilège que nous vivons et que nous méritons.